[Une vie de toutes les couleurs]
par Janine Teisson
Illustrations de Thierry Desailly
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Le jour du Choix Solennel était venu pour Martin Plastic. Il était entré dans le Mag Vie, le Grand Supermarché de l'Avenir, avec ses parents. Ils étaient restés interdits un moment devant toutes ces vies étalées sur des présentoirs, empilées jusqu'au plafond ou entassées pêle-mêle dans des bacs. Toutes ces Boîtes de Vie, à perte de vue! Autour d'eux, poussant leur caddie, des milliers de familles allaient d'un rayon à l'autre, jacassaient, pleuraient, hésitaient.
- Non! Celle-ci ne va pas avec la couleur de ton QI, voyons!
- Non, mon chéri, tu sais bien que nous n'avons pas les moyens de te payer celle-là. Ne sois pas égoïste!
- Mais tu vois bien que c'est marqué "Garçon" sur la boîte. Tu es une fille, ma fille, ne l'oublie pas.
Martin Plastic ouvrait grands ses yeux et ses oreilles.
- Oh! regarde celle-ci, quelle belle couleur honorable!
- Beurk!
- Ah! je t'en prie, pas de caprice, hein! Ce n'est pas le moment!
- Et celle-là, elle ne te plaît pas? Moi, à ta place...
Il y en avait de toutes les couleurs, de toutes les formes. Des chatoyantes, des grisâtres, des bleues, des rouges, des kaki, des multicolores, des longues, des courtes, des creuses, des lourdes, des carrées, des rondes, des bosselées, des pointues, des simples, des doubles, des luxueuses, des ordinaires, des parfumées, des puantes. Il y en avait même des cassées, en solde, mais Martin Plastic ne vit personne les acheter. Son père lui tenait la main gauche, sa mère la main droite. Ils étaient arrivés dès l'heure de l'ouverture et avaient erré longtemps tous les trois dans les allées, bousculés, piétinés, assourdis.
Martin Plastic hésitait. Il s'était arrêté un moment devant des vies brillantes quand une dame arriva en faisant claquer ses hauts talons. Elle tenait par la main une petite fille bouclée, habillée de rose, avec des rubans dans les cheveux et du rouge à lèvres. Sans hésiter, la dame colla une Boîte de Vie toute clignotante de paillettes dans les bras de la petite fille qui l'emporta en faisant des mines ridicules et des bouderies. Une minute plus tard, la même dame aux talons claquants apparut, mais cette fois-ci la petite fille boudeuse avait une robe bleue. Elle emporta la même boîte scintillante avec la même moue. A peine avaient-elles disparu au bout de l'allée qu'une troisième fois, Martin les vit réapparaître et s'arrêter devant les boîtes étincelantes. Il allait poser une question quand sa mère lui chuchota à l'oreille:
- Tu te trompes, Martin, ce sont trois dames et trois petites filles différentes.
- Ah bon? Et il y en a beaucoup comme ça?
- Quelques-unes.
Les vies choisies par les mamans des petites filles bouclées lançaient des lueurs dorées. Il en prit une. La boîte était légère, comme si elle était vide. Il la reposa aussitôt. Non seulement il était sûr que ces vies étaient hors de prix, mais en plus quelque chose lui disait que c'était sûrement de la pacotille. De temps en temps il levait la tête pour quêter l'avis de ses parents mais ne rencontrait que des regards angoissés ou fuyants. Devant une pile de petites boîtes grises, bien lisses, bien carrées, son père avait dit d'un ton bizarre:
- Ca, au moins, c'est du solide.
Mais il avait vu des larmes dans les yeux de sa mère et s'était vite éloigné du rayon.
- Mais vous, quel genre de vie aviez-vous choisi?
- Oh, nous... C'est un modèle qui ne se fait plus...
- Et puis... il n'y avait pas tant de choix autrefois...
-Ah...
Il aimait beaucoup ses parents mais ceux-ci ne l'avaient pas préparé pour le Grand Choix. Dans la voiture, sur la route du Mag Vie, couché sur la banquette arrière, il les avait entendus:
- Le temps a passé si vite, nous ne l'avons pas vu grandir!
La voix de sa mère s'étranglait:
- Quand Martin avait fini ses devoirs, nous chantions ensemble. Je lui ai appris toutes les chansons de mon enfance. J'aurais mieux fait de... Lorsque nous allions en vacances chez grand-mère, je me disais: « J'aurai le temps de lui parler du Grand Choix là-bas », mais nous écoutions la mamée raconter le temps d'avant, nous faisions des bouquets de fleurs, nous donnions à manger aux lapins et au retour, je me rendais compte que j'avais complètement oublié de lui en parler.
Son père se désolait:
- Nous sommes fautifs, c'est évident. Pour ses anniversaires, nous ne lui avons même pas offert un seul grand Coffret d'Idées Préconçues.
- C'est quoi?
- Tu sais bien, ces idées toutes faites à peindre de la couleur qu'on veut. Au lieu de ça, je lui ai montré comment reconnaître les oiseaux et les dessiner. Des choses inutiles! Nous aurions pu au moins lui faire cadeau d'un petit Idéal en pièces détachées à reconstruire en suivant la notice. Et cette année, pourquoi n'avons-nous pas acheté le Robot-Directeur de Conscience, le jouet préféré de ses camarades?
Sa mère répondit d'une toute petite voix:
- Nous avons acheté Pimpant...
- Tu parles! Un vieux cheval sauvé de l'abattoir qui sait ouvrir les portes avec ses dents et ne supporte même pas la selle. Nous sommes nuls!
Dans les allées du grand MagVie, peu à peu, ses parents étaient devenus muets et l'affolement de Martin Plastic allait croissant. Il voyait des enfants emporter triomphants des boîtes énormes dans des papiers cadeaux multicolores, enrubannés d'argent. Toute une classe d'orphelinat recevait des mains d'une surveillante en tailleur noir des petites boîtes sombres, minuscules, que les enfants enfouissaient dans leur poche sans les regarder. Des fillettes hurlaient en se roulant par terre. Des parents se fâchaient, envoyaient des gifles. Il se sentait tout petit et ses parents lui paraissaient aussi vulnérables que lui. La tête lui tournait.
Dehors, il faisait déjà nuit. Dans les allées du Supermarché de l'Avenir, il y avait beaucoup moins de monde. La sonnette de la fermeture les fit sursauter. Son père se rendit au sous-sol. Il expliqua au Grand Responsable que son fils n'était pas suffisamment préparé au Choix Solennel, qu'il avait eu la grippe en novembre, qu'il fallait lui accorder une dispense. La secrétaire lui fit signer des papiers, lui rendit son Billet d'Avenir, pour le Choix Solennel de l'année suivante. Cela dura bien vingt minutes, puis ils quittèrent le magasin en passant sous la grille aux trois quarts baissée. L'expérience se renouvela trois années de suite. Il semblait à Martin qu'à chaque Grand Choix raté, ses parents vieillissaient un peu plus. Son père grommelait:
- Ce qui est affreux, c'est qu'il va finir par être fiché comme Indécis. II n'aura jamais de poste de responsabilité.
Il répétait:
- Indécis, ça ne pardonne pas, ça ne pardonne pas...
Sa mère était, année après année, plus silencieuse et nouée. Il sentait bien que chaque échec était pour eux un soulagement en même temps qu'un désespoir.
La quatrième année, il ne retourna pas au MagVie. Il avait seize ans, ses parents venaient de mourir dans un accident de voiture en revenant de l'enterrement de la grand-mère. Il déchira son billet tout couvert de tampons et quitta la ville. A présent, il était un SBA: un Sans Billet d'Avenir. Il savait que lorsqu'un SBA de seize ans se faisait attraper par les Brigades de l'Avenir, on lui imposait une vie standard, on le surveillait pendant dix ans, pour voir s'il ne se permettait pas quelques fantaisies ou libertés non prévues dans le carton rectangulaire enveloppé de papier beige qu'on l'obligeait à ouvrir devant un juge. Il redoutait cela plus que tout.
Il savait très bien où il allait. Il tenait le vieux Pimpant à la longe, et, curieusement, avec un cheval, il passa plus inaperçu que s'il avait été seul. Après deux jours de marche, ils atteignirent la maison de sa grand-mère. La clé était, comme autrefois, sous le vieux nid de mésanges, dans la boîte aux lettres déglinguée. Tous les meubles étaient à leur place, mais couverts de poussière et de toiles d'araignée et les pas de Martin Plastic résonnaient dans la maison vide. Il ferma les yeux et revit sa petite grand-mère traversant le salon à toute allure sur son fauteuil roulant. Il crut entendre sa voix:
- La vie, mon petit, quelle aventure! Et il ouvrit la fenêtre.
Après bien des tâtonnements et des erreurs, il réussit à replanter des légumes dans le potager, à faire des confitures pas trop brûlées avec les fruits du verger et à pêcher des truites dans le ruisseau. Les gens de la mairie lui demandèrent pourquoi il était revenu dans le village presque désert de sa grand-mère. Il leur répondit que ses parents, faute de moyens, lui avaient acheté une vie d'ermite. Ils le plaignirent et l'inscrivirent sur les listes d'habitants sans demander à voir son billet.
Martin Plastic avait trouvé dans une vieille cour une charrette; il attela Pimpant et rendit quelques services aux villageois qui étaient tous très vieux. Il transportait du bois, de l'herbe pour les bêtes. Quand il partait à cinq heures du matin porter les légumes du village au marché, la route était si étroite que derrière Pimpant s'étirait une longue file de voitures et de camions, et le marché ne commençait que lorsque Martin Plastic avait franchi les portes de la ville.
Entre les animaux, les hommes, les plantes, les chansons de sa mère qu'il écrivait sur du papier de couleur et que les gens s'arrachaient les jours de marché, les peintures d'oiseaux qu'on lui demandait de faire sur les meubles et les murs, ses journées étaient pleines comme un oeuf.
Un jour, en ville, un Brigadier de l'Avenir, qui surveillait depuis un bon moment son étalage et le regardait d'un oeil suspicieux parler et rire avec ses clients, lui demanda son Billet d'Avenir. Il dit qu'il l'avait perdu mais que chez lui, il avait toujours sa Boîte de Vie. Rentré chez lui, il passa la nuit à fabriquer une fausse Boîte de Vie. Il eut un mal fou à faire entrer dedans son amour des animaux et la facilité qu'il avait à parler aux vieilles personnes, son désir d'entendre les gens chanter les chansons de sa mère et l'excitation immobile qu'il ressentait lorsqu'il peignait la dernière plume d'un rouge-gorge sur un mur jaune, son plaisir à remuer la terre du jardin et... Trois jours plus tard, le brigadier était là. Martin lui présenta la boîte. L'homme en uniforme en resta bouche-bée.
- Ah ben ça! Pour une BV,c'est une drôle de BV (Boîte de Vie) J'en ai rarement vu des comme ça! Ca ressemble à tout et à rien, mais c'est rudement joli. On dirait un modèle étranger ou je ne sais pas, moi... Martin ne répondit rien mais une idée lui était venue. Il se mit à fabriquer des tas de Boîtes de Vie. Il imaginait des personnes passionnées par le vent, par les tissus, par les livres, par les voyages, par les enfants, la mécanique, l'amour, les bateaux, le ciel, les fleurs, ou par tout cela à la fois, et il décorait des boîtes, il en décorait des centaines. Un jour qu'un de ses clients, au marché, se plaignait d'avoir une vie trop triste, il lui dit:
- Venez chez moi avec votre Boîte de Vie, si vous voulez je vous l'échangerai contre une vie plus gaie. Le client ne dit pas non. Quand il vit toutes ces boîtes merveilleuses et gratuites, il dit:
- Pincez-moi.
- Pourquoi?
- Parce que je suis sûr que Je rêve.
- Mais non, monsieur, ne soyez pas pessimiste.
Au bout de trois heures d'hésitation, l'homme, qui était décolleur d'affiches de son métier, partit en sautillant.Il tenait sous son bras une boîte toute décorée de fêtes foraines et de manèges. Arrivé chez lui, il dit à sa femme:
- Tristounette, ma mie, pourquoi n'iriez-vous pas échanger votre vie étriquée contre une plus spacieuse?
- Bourru, mon cher mari, si ça ne coûte rien, je veux bien.
Deux jours plus tard, Martin Plastic, en se réveillant, crut entendre murmurer le vent dans les feuilles, mais lorsqu'il ouvrit ses volets, il découvrit une foule innombrable qui encerclait sa maison depuis l'aube. Toute la ville était là. Même le brigadier voulait changer de boîte! Il servit les deux cents premiers arrivés et promit de se remettre au travail pour satisfaire les autres.
Quand la foule, rassurée, se retira, le soleil se couchait et le jardin était plein de vieilles boîtes cabossées, ternes, grises, tachées, informes, malodorantes. En les regardant, Martin sentit la tristesse l'envahir.
- Que faire de toutes ces horreurs?
Il alla d'un pas pesant, sortir Pimpant de l'écurie pour sa promenade quotidienne. En passant près du tas de boîtes, le cheval lui échappa et se mit à le piétiner en tournant sur lui-même et en secouant sa crinière.
- Ca va, j'ai compris, écarte-toi. Pimpant.
Martin réunit toutes les boîtes en tas avec un balai, entassa dessus du petit bois, et y mit le feu. Soudain moins fatigué, sa joue contre celle de Pimpant, il se mit à chanter en regardant les flammes qui dansaient, mauves et oranges.
Il fit une boîte différente et magnifiquement décorée pour chacun des trois cent vingt-sept habitants qui ne voulaient plus de l'ancienne. Mais avant que les derniers soient servis, les premiers frappaient avec rage à sa porte.
- Monsieur Plastic, qu'est-ce que c'est que ces boîtes que vous nous avez données? Le premier jour, ça va, la vie est pleine de couleurs, on se rend très bien compte du changement. Tout paraît beau et joyeux, on sourit, on chante, on dit: "Bonjour belle voisine!", le lendemain ça va encore, et comme ça pendant six ou huit jours, mais après, ça recommence comme avant. On a de belles boîtes, mais notre vie est triste. Les murs sont sales, les gens sont méchants et notre voisine est affreuse. Comment ça se fait? Vous nous avez menti! Rendez-nous nos anciennes boîtes, au moins on n'aura pas de regret. Martin Plastic, devant la foule qui grondait et levait le poing, se garda bien de dire qu'il avait brûlé les vieilles boîtes. Il ne savait que répondre à tous ces gens qui vociféraient dans son jardin et écrasaient ses poireaux. Il s'enferma chez lui. Il avait peur. Il savait que les cinq cent vingt-sept habitants de Tristemine ne lui laisseraient plus la paix, mais il n'avait pas le courage de partir. Il donna le foin du soir à Pimpant et se coucha. Dans la nuit il entendit gratter à son volet.
- Qui est là?
- C'est moi.
- Qui, toi?
- Miette, la fille du boulanger.
Le rouge monta aux joues de Martin. Il avait souvent admiré Miette sur la place, mais son père, le gros boulanger au nez toujours poudré de farine, n'était pas de ses clients. Il lui avait dit un jour, en enfournant ses brioches:
- Moi j'aime mon métier, j'aime ma femme et ma fille, je ne risque pas d'échanger ma boîte contre une autre, ah! ça non!
Martin ouvrit sa porte, la jeune fille se faufila à l'intérieur.
- Martin, je sais tes ennuis. Les gens deTristemine sont furieux, ils se groupent pour t'attaquer...
- Oh la la! je n'aurais jamais dû brûler leurs boîtes!
- Mais non, Martin, tu n'y es pour rien. Toi-même, as-tu une boîte? Martin eut envie de mentir, mais devant les veux si clairs de Miette, il dit la vérité.
- Je n'ai jamais eu de boîte, je m'en suis fabriqué une et même, sans faire exprès, je l'ai échangée. C'est Mme Grondin, l'épicière, qui l'a. Pourquoi tu ris?
- Parce que moi non plus, je n'ai pas de boîte. On nous l'a volée sur un parking d'autoroute, en revenant du MagVie. Mes parents ont dit: "Tant pis, tu vas voir, on va t'en faire une encore plus belle", et on a inventé une boîte imaginaire. Chaque jour mes parents me demandaient:
- Alors, tu es contente de ta boîte? Je répondais:
- Oui, elle est peine de chocolats et de bonbons et d'oiseaux qui chantent... Et chaque jour j'inventais des choses. Une fois j'ai dit: "Non, elle ne me plaît pas cette boîte, elle est peine de cacaboue et de larmes", et mes parents qui se disputaient depuis trois jours ont compris qu'ils devaient arrêter. Un autre jour j'ai dit: "J'ai vu un piano dans ma boîte, où est-il?" Quelques jours après, le piano était là et aujourd'hui je suis presque une vraie pianiste.
- Oui, je sais, on me l'a dit. Mais tout ça ne me dit pas ce que je vais faire avec les Tristeminois et les Tristeminoises qui veulent me trucider.
- Tu comprends bien maintenant que les Boîtes de Vie, c'est du mensonge.
- Oui, ça fait longtemps que j'avais compris, et alors?
- Les premiers jours, les Tristeminois ont fait l'effort d'être heureux parce qu'ils avaient une belle boîte, puis très vite leur naturel grognon et mesquin est revenu, tu n'y peux rien. Ce qui compte, c'est qu'ils te fichent la paix. J'ai une idée, tu n'as qu'à...
Le lendemain tout Tristemine, excepté ceux qui étaient heureux de leur vie, ancienne ou nouvelle, grondait sous les fenêtres de Martin.
- Braves gens, dit-il en ouvrant sa porte, je vous ai donné des boîtes trop belles pour vous. J'ai eu tort, je le reconnais. Je propose de vous rendre vos vieilles vies. Funeste Calamineux, le garagiste, s'écria:
- Mais elles ne valent pas un clou, nos vieilles vies, ce sont des vies d'occasion, alors que celles que vous nous avez données sont toutes neuves, on va perdre à l'échange! Martin fit semblant d'être perplexe.
- Comment faire? Je ne peux pas vous les racheter, vous le savez, mais peut-être nos voisins de Piquependre voudront-ils bien troquer leurs vies contre ces belles boîtes, en payant la différence...
- En voilà une bonne idée!
- Bravo! Allons-y!
Tout Tristemine reflua et s'abattit sur le village de Piquependre qui sauta sur l'occasion. Huit jours après, les habitants de Piquependre revendaient les boîtes merveilleuses à ceux de Bamoral qui les repassaient à Sombridées et ainsi de suite durant des années et des années. Certains, au passage, conservaient leur boîte gaie et leur vie changeait du tout au tout. Ils étaient rares mais bien plaisants. Pendant les années où se firent tous ces échanges. Pimpant s'était endormi dans la paille pour ne plus se réveiller. Miette et Martin Plastic étaient tombés amoureux, avaient repeint la maison de la grand-mère et attendaient, en chantant et en jouant du piano, la naissance de Sanboîte, leur premier enfant.

Les Contes philosophiques Actes Sud Junior

(Arles, Novembre 1998)
Janine Teisson: Partie de Toulon, sa Boîte de Vie a voyagé du Maroc à la Côte-d'Ivoire pour revenir finalement en France. A l'intérieur: des enfants, les siens et beaucoup d'autres, qui furent ses élèves; des nez rouges du temps où elle était clown; des tissus merveilleux et des livres. Ceux qu'elle écrit pour les grands et les petits.
Thierry Desailly: Prenez une coque de bateau, tapissez-en l'intérieur d'images. Dans les tiroirs, casez des pinceaux et des outils, entassez tout ce qui roule, vole, vogue et cliquette: Accrochez des portraits d'amis en guise de pavillons, modelez une pulpeuse figure de proue à la chevelure océane, faites entrer les coccinelles, les Esquimaux, les chouettes hulottes, les Indiens, les coquillages, les chevaux et vous aurez une idée de sa Boîte de Vie.
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