Nos lettres

 

 

Cher Ibben

 

Au secours! tu m'as envoyé chez les fous et en plus ils sont beaucoup! En apparence, on pourrait penser qu'ils sont comme nous, mais pas du tout. Ils ont bien deux jambes, deux bras, une tête et deux yeux, mais ils utilisent pour se déplacer à la vitesse d'un escargot ,  un véhicule qu'ils appellent voiture et qui envoie dans l'air une fumée grise irrespirable. Ils habitent dans d'immenses tours cubiques pleines de fenêtres rectangulaires et bien alignées. Mais peut-on appeler cela "habiter"? En fait,  les terriens  entrent et sortent toutes les cinq minutes de leurs ruches sans  même prendre le temps de s'y reposer.  Ah! que je regrette la rondeur de nos maisons. Notre verdure aussi d'ailleurs… En effet, ici pas l'ombre d'une fleur, les arbres sont extrêmement rares et les routes sont faites d'une matière dure, grise et malodorante. Tu ne devineras jamais comment sont les animaux sur Terre. Hé bien ici, les chiens sont attachés à des cordes que les personnes tiennent à la main. Quant aux lapins, cochons, poissons, ils sont présentés derrière des vitres, morts. Pourtant personne n'a l'air triste, juste fatigué. En plus de tout cela, les gens ne sont pas très serviables entre eux. Il y en a qui se disputent ou s'insultent, certains en viennent parfois aux mains. Heureusement ceux-ci sont beaucoup plus rares. D'ailleurs,  quand j'ai traversé la route, un de ces conducteurs d'engins bruyants m'a dit "les passages piétons ce n'est pas pour les chiens". Je n'ai pas  tout à fait compris le sens de sa phrase . J'ai voulu lui en demander la signification. Il m'a alors menacé de venir frapper ma mère. Je suis donc parti en courant. C'est là que d'autres automobilistes m'ont eux aussi insulté en manquant de m'écraser. Je ne sais pas pour autant ce qu'est "un passage piéton". Voilà je crois avoir appris énormément de choses sur la Terre et ses habitants mais je ne pense pas être au bout de mes surprises.

Amicalement

 

Ubbek qui voudrait rentrer chez lui

 

 

 

Bonjour Ibben.

 

Vous avez bien fait de nous envoyer sur terre. Il y a plein de choses à découvrir. Rien n'est plus drôle  en effet que ces grandes boîtes à quatre roues où les gens peuvent s'asseoir dedans et qui servent de chariot.

Mais ce n'est pas là  le plus spectaculaire. Leur village est  plein de gens, des rouges des noirs, des blancs , beaucoup plus que chez nous. Quand  ils sont ensemble ils  font des  choses très bizarres. Certains  par exemple avancent en rangs serrés  avec de grands panneaux dans leurs mains . Ils  marchent ainsi  lentement sur les chemins noirs. On se demande ce qu'il font, on dirait qu'ils dansent ou font la fête . Mais non,  ils ont l'air grave et en colère. Ils hurlent des phrases du style " nous voulons des sous"  ou " plus qu'une solution, la manifestation", mais personne ne semble les écouter.
D'autres encore  se rassemblent  en rond soudain dans la rue sans même savoir pourquoi. En fait ils observent avec intérêt un homme qui bouge sur une musique si violente qu'on n'en distingue même pas les paroles. Ces rappeurs, comme on les appelle ici,  font une sorte de rituel qui consiste sans doute  à impressionner le plus grand nombre de spectateurs en faisant des figures sur la tête ou sur les mains... C'est vrai que la chose est  spectaculaire mais autant de personnes autour  de deux ou trois   bonhommes qui se remuent sans arrêt, c'est des plus étrange!
 Mais le plus dingue, je l'ai vécu hier soir!  Des milliers de gens étaient assis collés les uns aux autres  autour d'un grand champ où  des personnes  , 22 je crois, couraient dans tous les sens. Ces joueurs, comme m'a dit mon voisin qui me hurlait des noms à la figure,  étaient habillés de deux façons: d'un côté du champ ils étaient tout bleus et de l'autre tout vert.  La foule criait  tout le temps, mais je en suis  pas resté longtemps , j'avais  mal aux oreilles.

Je t'écrirai  dans deux jours. Au revoir.

 

USBEK.

 

 

 

Cher Ibben

 

Rigga et moi sommes de plus en plus choqués. Je dirai même que parfois nous croyons être victimes d'hallucinations. Tu nous as téléportés dans une planète étrange où les habitants ont des habitudes vestimentaires très bizarres. D'abord, il faut dire que les hommes ne sont pas vêtus comme les femmes, je dirais même qu'ils s'opposent en tout.
   Pas plus tard qu'hier j'ai vu un homme qui ressemblait à un poisson, il portait un vêtement avec  des écailles en peau  morte et était coiffé d'une crête orange. Mais le plus inquiétant,  c'est qu'il jouait avec une chaîne en fer qui lui servait à la fois de ceinture et de collier. Il portait aussi deux sortes de tuyaux en tissus déchirés sur les jambes,  ce qui le rendait aussi maigre qu'un coucou de nos contrées. Je ne l'ai pas regardé longtemps, il m'a beaucoup  inquiété.
Je dois t'avouer que les gens d'ici ne sourient jamais .  Quand ils marchent ils ressemblent à ces automates qui s'arrêtent soudainement pour mieux repartir ensuite. Pourtant, parfois leurs tenues me font éclater de rire.
  Les femmes sont en effet  encore plus diverses que les hommes. Elles peuvent porter des tuyaux ou des kilts, des couleurs sombres ou criardes, des vêtements longs ou courts, des chemises qui couvrent leurs corps ou qui en dévoilent les trois-quarts : en fait on n'est jamais sûr de ce qu'on va voir.
 J'ai pu observer  une femme oreiller entièrement couverte de plumes sur le haut. Ses cheveux étaient dressés sur la tête et coiffés d'un chapeau ridicule posé  à au moins deux mètres de son crâne. Elle s'était peint les yeux en noirs, ce qui lui donnait l'air de se réveiller. J'ai beaucoup ri.
Mais juste derrière elle, j'ai pu admirer une femme toute brillante dont les seins avaient du mal à rester dans la chemise. J'en ai rougi, tu me connais! Son chapeau était enfoncé sur sa tête . Je crois qu'ici les gens agissent comme ils  le veulent et que personne ne cherche l'harmonie que nous essayons de respecter à Parsen.


 Amicalement

 

Usbek

 

 

Pour notre cher magicien Ibben 

Comme prévu je vous envoie notre rapport du troisième jour...
Nous étions en train de poursuivre un animal qui ressemblait exactement à un Charrat quand nous nous sommes retrouvés dans une étroite ruelle froide et sombre. Nous étions terrifiés par cet endroit qui était l'inverse absolu de nos belles petites routes ensoleillées et spacieuses . Quand, sortie de nulle part, nous est parvenue une étrange musique mêlée de mots . La chanson parlait d'un dénommé Belzébuth, de la mort et de tout un tas de choses funèbres. Je me suis tourné vers Usbek qui paraissait tout aussi terrifié que moi , " Si c'est cela la musique sur Terre, nos goûts musicaux ne sont vraiment pas à modifier ! " ai-je dit à mon compagnon.

Nous avons donc pris notre courage à deux mains et avons sorti votre boîte à kick pour garder une image de cette chose qui nous faisait si peur …
Un pas, deux pas, trois pas … nous avons parcouru ainsi une vingtaine de mètres avant d'arriver devant… un humain !! Ce n'était en effet qu'un humain mais cet homme n'avait rien à voir avec ceux rencontrés auparavant. Celui-ci était habillé d'une façon plus extravagante, le mieux serait que je vous le décrive plus en détail :
Sur sa tête il ne portait pas de chapeau, il avait une épaisse crête comme celle de nos poulors mais elle était orange. Sur le côté ou il n'avait presque pas de cheveux, mais il avait réussi à les colorer en rouge et en vert " Quel style !!! Qu'en pensez-vous ? Croyez vous que si je revenais sur Parsen de la sorte je me trouverais enfin une femme ? Non, en y réfléchissant bien ce serait encore pire qu'avant ! " m'a dit mon compagnon.

Son visage était très blanc et ses yeux recouverts d'une matière proche du charbon. Ses joues étaient dissimulées sous une tonne de fluide rouge comme des fraiboises et sa bouche étaient aussi noire que le plumage d'un corbeaupie …
Ses habits étaient loin d'être aussi ordinaires que ceux des autres Terriens. Pour sans doute s'harmoniser avec son visage, ses vêtements étaient tout noirs, il y avait des chaînes partout .
" Que peut-il faire avec des chaînes dont nous nous servons pour accrocher nos barques? Il ne semble pas y avoir de trace de lac dans les environs pourtant… "
Sur ce que les hommes appellent "maillot" il y avait comme des coulées de sang . Ce vêtement était couvert de part en part de petits anneaux métalliques sans aucune utilité apparente.... à moins que cet individu ne veuille se faire attacher comme ces nombreux animaux qu'ici ont lie à ces long poteaux métalliques d'où jaillit la lumière artificielle…

Je vais essayer de me contrôler une peu maintenant pour vous parler de ce qu'ils osent mettre en dessous de leur nombril ...
Quel manque de virilité vraiment! Comment peuvent ils supporter d'enfermer la partie la plus sacrée des hommes dans des manches longues qui vont de la taille aux chevilles. Je n'avais pas envie de vous préciser que la couleur de ces pantalons comme ils disent, se rapproche nettement du brûlé qui apparaît sur les pains trop longtemps mis dans le four … Mais je suis là pour témoigner et pour dénoncer l'apparente saleté de ces gens.
Mais bon ,comme le disait si bien notre ancien Banji, les goûts et les couleurs ça ne se discute pas et celui à qui cela ne plaît pas qu'il il ne regarde pas !

 Après avoir pris un klick de cet homme curieux, nous sommes partis en courant parce qu'il s'était rendu compte qu'on l'observait et à voir sa réaction, ça n'a pas du beaucoup lui plaire …

Nous avons réussi a le semer quand quelqu'un nous a interpellés. Un homme ayant deux têtes de plus que nous et certainement plus de 3 fois notre poids, nous a invité a aller voir les nouvelles créations d'un certain monsieur Diour. Il nous a demandé pour quel magazine nous travaillons et nous avons répondu sans conviction qu'on venait de Parsen. Il semblait un peu surpris de notre réponse mais il nous a mené jusqu'à une immense bâtisse ornée de magnifiques colonnes de marbre. Il nous a fait entrer et nous a donné à tous les deux des colliers en ficelle avec, comme pendentif, des rectangles en matière rigide et flexible: dessus étaient écrits nos noms . Il nous a menés ensuite vers une grande salle bondée où trônait un podium en plein milieu.
Tout à coup les lumières se sont éteintes pour n'en laisser que quelques unes qui n'éclairaient que l'estrade. Une musique rythmée a commencé et une femme est apparue, ses habits étaient très courts. Elle portait sur la tête un chapeau qui ressemblait à un bonnet de nuit rose clair. Celui-ci était fixé sur des cheveux crépus qui se dressaient à près de 50 centimètres de son crâne et qui semblaient ne pas avoir été lavés depuis des semaines. " Comment un homme peut-il avoir si peu de soin pour une demoiselle d'à peine plus de 21 ans !!! " me suis-je dit pensif.
Son visage était bariolé de couleurs très vives. Elle n'avait certainement pas fermé l'oeil depuis au moins trois jours, à en croire la couleur foncée des cernes quelle avait sous les yeux:
" Pauvre femme, elle ne doit pas être très heureuse ! " m'a dit mon collègue d'un air plein de pitié.
Son teint était livide, elle paraissait triste.
Elle portait un bustier comme celui que ma mère met sous sa chemise pour avoir un ventre plat. Mais celui que portait la jeune fille ne devait pas servir à cela . Il n'était pas du tout serré et ses manches bouffantes donnaient l'impression de peser 15 kilos chacune. Malgré tout, cela restait très esthétique et fantaisiste . Mais ma description n'est pas terminée, je n'en suis encore qu'au buste .
Le bas du corps était beaucoup plus provoquant que le haut, bien que celui-ci mette très bien en valeur la magnifique poitrine de cette jeune terrienne. Nous nous sommes interrogés: Est-ce que cette fille portait vraiment des bas ? Cela ressemblait plutôt à de fins collants attachés à une culotte qui dessinait fort bien ses fesses rebondies.
" Ca m'étonnerait que ce soit très confortable ! " ai-je pensé.
Ses chaussures avaient des pointes sous les semelles , ce qui rendait la demoiselle encore plus grande qu'elle ne l'était. Elles laissaient voir aussi les orteils et ne cachaient qu'un quart du pied, et sur la fine bande recouvrant leur devant il y avait du duvet de poissocanard de couleur rose.
Bref et pour conclure en quelque mots, nous nous sommes dits que nous la prendrions bien pour épouse mais qu'avant , nous lui ferions faire un stage de "dodo" intensif pour récupérer des heures de sommeil quelle n'a pas pris !

Votre dévoué. 

Vasseur Sidjy