Il avait vécu là très longtemps. Des années sans doute. Il était arrivé un matin de Noël. Il venait de faire un long voyage. On lui avait dit qu’il serait bien dans cette nouvelle maison, qu’il trouverait enfin sa vraie place. On lui avait même affirmé que, s’il restait un compagnon fidèle et bienveillant, il n’aurait rien à craindre.  Au début, tout s’était déroulé comme prévu. On l’avait accueilli avec des mots tendres «  Oh ! qu’il est joli ! » avait dit la jeune fille de la maison.  «  Je peux le garder dans ma chambre ? ». La mère n’avait pas été ravie de ce rapt immédiat, mais elle s’était laissée convaincre.  Les filles ont de ces lubies , à cet âge !

On l’avait transporté avec mille précautions . On le savait fragile et  délicat.   Il était entré et avait vu la chambre. Elle était rose et douce. Elle sentait le parfum vanillé.

Tous les matins il se réveillait avec sa maîtresse. Il la regardait choisir ses vêtements et s’habiller avec une certaine élégance. Ses préparatifs terminés, elle lui jetait toujours un petit coup d’œil complice , comme si elle attendait une confirmation muette de sa beauté. Elle se coiffait enfin et, comme pour obéir à un rituel puéril, lui demandait à voix basse: « Comment  me trouves-tu, aujourd’hui ? »  Il ne répondait pas, il se contentait de renvoyer un sourire.

Parfois, la jeune fille se réveillait maussade, le teint pâle et la peau fripée. Elle s’enduisait  alors de crème, tirait sur son cou, sur ses paupières. Elle se maquillait trop, mais lui ne disait rien. Il aurait aimé ne pas être là. Ces jours-là, il savait qu’elle ne lui enverrait pas d’œillades complices. Elle semblait même le fuir. Il  souffrait de ce dédain passager , mais cela durait peu. Un jour ou deux.

Puis l’autre arriva. C’était une femme terrible, vieille, ridée, répugnante. Tous les mardis, elle passait l’aspirateur. Elle faisait  voler la poussière. Il détestait la poussière.  Les murs tremblaient et lui tremblait avec eux. Quand elle s’approchait de lui, elle lui tirait la langue comme par provocation. Il ne l’aimait pas mais il restait de glace.

Le supplice dura six mois. Un matin, elle le souleva et malencontreusement, volontairement peut-être, elle le laissa tomber. Il se brisa en mille morceaux. «  Sept ans de malheur, dit elle , m’en fous, ça fait quarante ans que je trime ».Elle ramassa les éclats et les vida dans la poubelle.

DF

 

1) Un texte à double sens.

 

1°  Qui est représenté par le "il" de la première phrase?

2° Donnez un titre au  texte en respectant le suspens

3° Quels moyens l’auteur utilise-t-il pour tromper son lecteur à propos de son personnage principal?   Vous en citerez au moins trois en vous appuyant sur des citations.                                                                        

4° L'auteur donne des indices qui pourraient aider son lecteur. Trouvez en trois et dites en quoi ils peuvent servir d'indices.            
                                                                                                      

2) Des personnages ?

 

1°Combien y-a-t-il de personnages dans ce texte: Nommez-les

2° Que représente le on dans:                                                                                                                                      

                              On lui avait dit qu’il serait bien dans cette nouvelle maison

                              On l’avait accueilli avec des mots tendres

 

3° "C’était une femme terrible, vieille, ridée, répugnante" Comment est écrit le portrait de cette vieille femme. Quel effet l'auteur cherche-t-il à obtenir sur son lecteur?                                                                                                                            

 

4° Recopiez dans le premier paragraphe :

                                                           un passage où des paroles sont rapportées au discours direct.

                                                           un passage où des paroles sont rapportées au discours indirect.

 

5° Qui dit cette phrase: Les filles ont de ces lubies , à cet âge !                                                 

 

  3) l'histoire d'une "vie".

   

    1° Relevez dans le premier paragraphe toutes les indications de temps.   

                                  

     2° Donnez la valeur des temps verbaux dans les phrases suivantes 

On le savait fragile et  délicat

Tous les matins il se réveillait avec sa maîtresse

« Comment  me trouves-tu, aujourd’hui ? » 

Un matin, elle le souleva et malencontreusement, volontairement peut-être, elle le laissa tomber

 

4° Orthographe:                                                                                                                             

 

Il avait vécu là très longtemps. Des années sans doute. Il était arrivé un matin de Noël. Il venait de faire un long voyage. On lui avait dit qu’il serait bien dans cette nouvelle maison, qu’il trouverait enfin sa vraie place. On lui avait même affirmé que, s’il restait un compagnon fidèle et bienveillant, il n’aurait rien à craindre.  Au début, tout s’était déroulé comme prévu.

Remplacez: il par elles, et On par des gens et transformez le texte.